• J'aimerais te demander deux choses:

     

    - Peux-tu écrire un article, un billet, un mot (peu importe le format, tu le choisiras) afin de faire le point, publiquement (tout du moins sur le blog) sur le mouvement né à l'automne? Y exposer ta position d'artiste, d'homme, d'anthropophage "militant".

     

    Afin que ce ne soit pas une démarche qui vienne de toi, je te pose d'ultimes questions qui viendraient à la suite de ton article:

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

     Tes tableaux sont piquants. Ils parlent très fort des temps présents, des souffrances, des gouffres parfois qui séparent des hommes, des sociétés.

     Il y a aussi une approche très intime. Un rapport puissant au corps comme "outil" de libération, mais aussi, sans pour autant être paradoxal, d'aliénation totale. J'ai l'impression que ton intime rejoint le monde et que la conséquence de tes tableaux, c'est offrir un regard particulier sur ce qui nous entoure, sur notre histoire, sur notre imbécilité humaine aussi.

    J'ai été frappé par ta peinture, comme tant d'autres, et ça m'a permis de me sentir "moins seul" quant à ma perception du XXème et XXIème siècle, mais ça m'a aussi ouvert un champ infini quant à la liberté d'interprétation de tout ce qui fait la vie.

     Donc ma question découle très simplement de tout ça: tu as repris les pinceaux. Sur quel projet travailles-tu en ce moment? Quelles sont les pistes sur lesquelles tu t'engages? Considères-tu que ton boulot est un peu comme une chute à la fois effrayante et jouissive?

     

    (Désolé mais j'ai mis le paquet!)

     

     

    Je reçois ta longue question concernant mon travail  et qui est un peu plus qu'une question... un peu moins qu'un commentaire. Ce que tu écris me flatte, bien sûr, mais, au delà de ma vanité qui est ainsi gratifiée,  je pense que tu as tout à fait raison quant à ce que je fais, ce dont "je parle" dans ma peinture... et ce que je cherche à faire "circuler", à partager... Je ne parle pas d'autre chose que de ce que nous vivons, oui, tant intimement que "politiquement"... et j'essaie d'en parler "du dedans vers le dehors", c'est-à-dire en commençant par ce que j'éprouve. Cela dit, il ne peut s'agir de considérer qu'une œuvre d'art, et donc ce que je tente dans la peinture, consiste à exposer comme une déchirure moïque la particularité de ses sensations, émotions et expériences personnelles... et l'exposition de ses propres stigmates n'a jamais constitué une démarche artistique. L'art n'est pas une exposition personnelle de soi même et de ses particularités... sauf à commencer par reconnaître que soi même est la chose la plus commune, la moins particulière qui soit.

     Il s'agit donc de ce que j'éprouve  dans ce que j'appellerais la tragicomédie humaine dont je fais entièrement partie, et qui en m'atteignant violemment m'oblige à m'interroger sur ce qui y est à la fois invisible et qui en fait d'une certaine façon la « vérité » sensible. Celle qui atteint à travers les sens, c'est-à-dire le corps de chacun... Tu sais, ce qui dans une scène de la vie, une situation, une circonstance, nous atteint en profondeur, nous en fait du coup «perce-voir » la vérité ; ce qui dans la scène où la situation est sa vérité latente, mais n'y est pas apparent. Pour une raison où une autre, - un bruit, un faux reflet, une odeur, une inattention imprévue qui relâche le regard -, nous nous mettons à le « perce-voir », et alors nous comprenons ce qui y était invisible et en est pourtant la vérité agissante ; cela nous renvoie alors bien sûr aux autres vérités, à ce que nous savons... à ce que nous savons que nous savons. A ce titre, il n'y a nulle « allégorisme » dans ma peinture, non plus qu'elle n'est une peinture « à message » didactique.  Elle serait plutôt une affirmation en quête d'un lien, d'une communauté sensible.

    Quand on me dit que j'ai "beaucoup d'imagination", je pense à vrai dire que je n'en ai aucune... Je peins ce que je "vois" ... dans ce qui est notre expérience humaine commune... en espérant rencontrer "les autres", par ce regard, si je puis dire. Comme si je voulais vérifier, ou m'assurer de la profondeur, bien au-delà des simples opinions et même convictions, de ce qui me rattache et m'unit aux autres.  Tu sais, cette chose qui fait qu'on découvre "qu'on voit la même chose", et donc qu'on n'est pas complètement fou... pas complètement seul. Que cette émotion, cette douleur, ce sentiment, cette insurrection intérieure, eh bien, ce n'est pas seulement le fruit d'une imagination malade mais bien la réalité des choses, et qu'on peut la partager, même si ce n'est que secrètement... que cela concerne la plupart aussi peut être... Que donc, il y a bien quelque chose de fondé la dedans... qu'il ya donc peut être, un espoir MALGRE TOUT...

    Evidemment le risque, c'est de découvrir que non, pas du tout... et on est bien fou, et SEUL. C'est pour cela que l'art est un métier dangereux...

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    Tu parles de « l'imbécilité humaine ». Je ne reprendrais pas ce terme à mon compte. J'entends par là qu'il n'y a nul mépris humain dans ma peinture. Elle ne peut m'extraire des protagonistes de la tragédie. Je n'ai pas un regard de Syrius, un regard du dehors vers le dedans, mais exactement son contraire. Il y a, par exemple, une forte dimension, disons, politique au sens large, dans ma peinture. Et ma vie est entièrement traversée par un engagement politique, ce n'est un secret pour personne. Mais cette dimension, dans mes tableaux, ne consiste pas à mépriser le bourgeois pour idéaliser le prolétaire, pour faire simple. Il n'y a pas d'exclusion humaine, comme « une imbécilité humaine » de laquelle, bien sûr, je serais indemne, et dont ma peinture dénoncerait les contours. Si je prends l'exemple d'un tableau, ou plus exactement une série à laquelle je donne la plus grande importance, « Métropolitaine »,  - cette « série du métro » comme on me dit souvent -, qui fait référence explicite aux ratonnades des années 59-61 dans le métro parisien, que j'ai vécues et qui m'ont profondément marqué. Les personnages exaltés, angoissants, franchouillards, flics, paras en vadrouille, bourgeois et rombières, anciens combattants, souvent sans yeux ni traits précis ou au regard insaisissable, ils sont précisément en quelque sorte « aveugles à eux-mêmes ». Il n'y a pas de mépris ni de haine contre « eux », mais un regard sur ce qu'ils font,  sur ce qui les pousse, un regard sur ce qui les aveugle. Ils sont atroces, mais dans le fond eux même, aussi, sont poignants, dans leur aveuglement sur la vérité qui les taraude, dans leur atrocité.  Plutôt que dénoncer l'imbécilité humaine (mais je suis humain !), c'est plutôt du regard qu'il s'agit, de ce qui est visible et de ce qui est « aveuglant ». Tout ça pour dire que, même si le monde dans lequel je vis, les comportements de la plupart, les règles admises et pratiquées... si tout cela me fait souffrir d'insupportabilité et d'un sentiment de profond rejet, je n'arrive quand même pas à être misanthrope... pas du tout. Pas encore.

     

      Ma seule satisfaction derrière cela, c'est jusqu'à présent de découvrir que justement, cela se partage. Et que je ne suis peut être pas fou, peut être pas totalement seul. Cela se partage, mais à quel prix? Découvrir la densité du secret, de la peur et du désir dans ce "partage". Une des choses qui me frappent, c'est que souvent les "gens" (ce terme est le plus vague et détestable que je connaisse, mais enfin...) disent "aimer" mes tableaux, et parfois même,  «être fascinés »... et en même temps ils le disent comme secrètement... Ils disent en même temps qu'ils « n'oseraient pas » avoir un tableau chez eux, comme si c'était de la plus grande audace d'arborer cela dans leur salle de séjour! Je parle là de gens qui ont "les moyens" d'acheter. Ils aimeraient mais "n'osent pas". J'en ai même un qui m'a acheté un tableau, l'a payé, et n'est toujours pas venu le prendre... depuis un an et demi! C'était justement le "tien" ("La famille et la propriété", qui a accompagné ton article sur le site des éditions du Mort-Qui-Trompe*). Depuis il a réfléchi et a changé "d'option", pour un autre ("Marie danse avec Pierrot"), peut être moins « violent » ( ?). Mais le tableau est toujours chez moi! C'est étrange. De même, les mêmes qui souvent, avec la "connivence" qui sied entre personnes "cultivées et affranchies" disent aimer ma peinture, me disent en même temps qu'elle est "difficile" et ne peut être accessible à tout le monde!

    Pourtant, dans le fond, ma véritable satisfaction est de constater que ceux qui apparemment la saisissent dès le premier regard, réagissent au quart de tour, ce sont souvent des personnes de la vie populaire, directe... ceux qui n'ont justement pas les "moyens" de m'acheter des toiles... Les rappeurs de Lak. Bine, toi, et combien d'autres. J'avais été touché en 97, quand j'ai exposé "l'Hommage à Khaled Kelkal" la première fois. Parmi mes amis cultivés et politisés, que n'ai-je entendu!? Tant par rapport à l'image "choquante", obscène, que quant à la thématique... ils ne voyaient d'ailleurs pas le lien, pourtant évident, entre la phrase de St Augustin, les couleurs mêlées de France et d'Algérie, l'impudeur désespérée de l'image... et Khaled Kelkal. Et voila qu'une bande de jeunes un peu zone, venus de Marseille ont vu ça pour la première fois, au milieu du reste, et sont venus me serrer la main... pour Khaled. Ce sont ces choses qui me touchent.

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     D'où aussi, l'importance particulière qu'a pour moi « l'exposition ». J'ai besoin d'exposer. Pas tant pour vendre (pour vendre aussi, bien sûr) que pour rencontrer le regard public... le regard des autres. Ceux que j'espère être mes semblables... Je ne crois pas à l'art sans public ! Et encore moins pour « un public sélectionné ». Sélectionné par quoi ? La couleur de sa carte de crédit ? L'épaisseur de son portefeuille ? Sa place dans la hiérarchie socio-culturelle ? Le public, par définition, c'est « tout le public ». C'est à cela que l'artiste doit se confronter... à poil. Ensuite, c'est uniquement une question du rapport entre la portée réelle de l'œuvre, et le temps qu'elle mettra pour parcourir cette portée. C'est le risque que prend l'artiste. De ce point de vue, parmi les différents arts, la peinture est celui qui est le plus « lent »... et donc le plus « risqué ».

     Mais chaque fois que l'art a eu tendance à sélectionner son public, à le circonscrire à une élite, il s'est avili, appauvri, indépendamment du talent des auteurs. Il n'y a qu'à voir la XVIIIè siècle. Les plus grands artistes, les Poussins, les Watteau, les Fragonard, réduits aux commandes de quelques aristocrates et grands bourgeois de Cour. Des œuvres à la maitrise et au talent extraordinaires... qui respirent l'ennui, la médiocrité futile, et la poudre de riz. Ce qui a sauvé la peinture et l'art, en France en particulier, c'est la révolution française, en créant les musées, en offrant l'art au peuple dans les palais expropriés. La peinture a pu ainsi retrouver sa puissance évocatrice universelle, dès l'aube du XIXème siècle, avec le romantisme, et puis l'impressionnisme, les grands salons, la critique journalistique, les Huysmans, les expositions qui deviennent l'enjeu de polémiques et d'empoignades publiques. Et hors de France, prenons un des plus grands génies de la peinture,  à cette charnière du XVIIIè au XIXè s, Goya : certes, ses portraits de l'infante, des familles de la cour d'Espagne, révèlent la force de son talent, la puissance de son regard ; mais serait-il Goya sans les « fusillés d'Altona », sans « le sommeil de la raison », sans les sabbats de sorcières, sans ses eaux fortes des horreurs de la guerre ?! Comme le dit Oswald de Andrade : « Soit les catacombes lyriques s'épuisent, soit elles débouchent sur les catacombes politiques... pour sortir à la lumière des barricades ».

     Le public, ce n'est pas les acheteurs, et encore moins les galeristes et les marchands. Il fut un temps où ces derniers, en achetant des œuvres, ont servi d'appui aux artistes dans leur rencontre avec le public. Ils compensèrent, notamment dans les années 1910 – 1930, la noyade progressive des institutions muséologiques dans le conformisme académique des républiques bourgeoises, en France, en Allemagne. Ils maintinrent  ainsi la capacité des artistes, qui se constituaient en mouvements contre ce conformisme, à faire de leur œuvre un enjeu pour la société tout entière. Pourquoi sinon, quand le conservatisme bourgeois pu se sentir enfin tranquille, avec le fascisme, éprouva-t-il le besoin de bruler tant d'œuvres « décadentes », « juives », ou « bolcheviques » ? Aujourd'hui, les marchands n'ont plus de ces scrupules, cet esprit de mission. Ce sont eux-mêmes qui organisent le retrait des œuvres de l'espace public... à coups de dollars !  Aujourd'hui, le «top», c'est les expositions privées, où l'on n'accède qu'à condition d'être personnellement avisé, de connaitre le code de la porte d'entrée, et de s'identifier auprès des gorilles qui la gardent. C'est là que l'on vend. Et très cher. La dernière que j'ai vue dans ce genre, - c'est cet ami, justement, qui relutte à venir prendre le tableau qu'il m'a acheté, qui m'y a emmené -, c'étaient des œuvres prétendument inspirées par la Commune de Paris !  C'était tout « très comme il faut », et tout a été vendu... La Commune a bon dos !

     Et c'est justement là qu'on voit l'impasse de la peinture actuellement, et l'avilissement des artistes qui se courbent à cela... et pas seulement dans la peinture. Car il y a aussi une façon de fabriquer le public (en musique, en littérature, au cinéma, au théâtre par exemple), dans un marketing très subtilement sophistiqué, qui fait qu'il n'y a plus de « public » mais un «marché culturel »... c'est une autre façon de « supprimer » le public. Sans être passéiste, je pense au «théâtre public » actuel (celui qu'on voit dans les CNAD par exemple), et je pense à ce que j'ai connu au temps du TNP de Vilar ! Et j'ai le sentiment d'un abyme.

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    Tu me poses à vrai dire tout un tas de questions dans ce petit commentaire-questionnaire. L'érotisme, le corps, le sexe?

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    Oui, c'est à travers quoi on ressent, on éprouve. On n'a que son corps pour éprouver les choses, et la tête en fait partie... l'âme si je puis dire. Je ne crois pas, comme tu le penses bien, à la séparation des deux. C'est donc par le corps que passe l'expérience... et c'est par le corps qu'elle se retransmet en art (les yeux, l'ouïe, par où pénètre l'émotion). Mais en passant par toute l'interprétation et par toutes ses lacunes douloureuses, et par toutes les douleurs de ses lacunes... Il m'est arrivé qu'on ne comprenne pas, - et pourtant il suffit de lire ce que dit la phrase -,  le petit texte que j'ai écrit en tête de la page d'accueil de mon site, sur "l'expérience érotique"...  Certains y ont même vu comme une espèce de confusion entre la peinture et l'expérience érotique, comme si la peinture devait être le motif pour des échanges érotiques !  Or ce n'est pas du tout de cela que parle cet exergue. Je l'ai donc maintenu, car il dit assez clairement, si on le lit avec attention, la place réelle de l'érotisme, du corps, dans ma peinture. Ce n'en est assurément pas le sujet. Le sujet est ailleurs, précisément. L'érotisme ne pose AUCUN problème en lui même, il n'est donc pas un sujet... Le sujet c'est par contre ce qui pose problème à l'érotisme... C'est à dire tout le reste. Et c'est peut être parce qu'il pose problème à l'érotisme qu'il éveille la souffrance, et la réflexion.

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     Quand à la jouissance de peindre... oui? Non? Je ne sais pas trop quoi te dire pour le moment. Dans le fond, je pense qu'il y a toutes sortes d'états que l'on traverse à mesure que prend forme ce que l'on cherche. Et, bien sûr, un énorme doute... jusqu'au moment où on sait, où on touche la chose... Alors c'est une certaine joie, une certaine fièvre aussi... avec la crainte en même temps de le voir à nouveau s'estomper dans le travail final. Mais je pense que cela varie beaucoup selon les peintres.

     

     De même tu me questionnes sur mon travail actuel. Je ne sais pas non plus trop quoi te dire... Je ne peins pas avec un "thème"... Ma peinture est peut être discursive, peut être narrative (?), peut être semble-t-elle illustrative. Elle n'est pas illustrative, ni narrative. Actuellement, je rattrape le temps perdu. Et donc, je suis en train de faire une commande qui attendait depuis un an! La commande est assez libre, et j'aime bien les commandes (et aussi j'ai besoin de sous), si le "commanditaire" ne me dicte pas le tableau que je dois lui faire, bien sûr! Le tableau que je fais sera très "en vue" si je puis dire, un peu publiquement... dans un relais fréquenté par des gens très divers, seuls, ou en famille. Je ne tiens pas à ce qu'il soit "scandaleux" ni outrageant... L'art n'a pas à offenser quiconque. Il doit au contraire maintenir ouverte la disponibilité émotionnelle. L'offense ferme. Le tableau aussi traduit assez bien mon état psychique, émotionnel... le besoin d'en trouver le point obscur, la vérité qui en dilue la charge angoissante pour, sans l'occulter, permettre quand même d'en faire surgir le sourire... Ce sourire qui est la reconnaissance que ce que l'on vit, après tout, loin d'être monstrueux, est la vérité commune à tous.  Il parle peut être de la séduction et de son refus. Il pourrait s'appeler "Dés-harmonie"... mais c'est un titre bien prétentieux que je dédie, précisément, aux adeptes de « l'art conceptuel comptant-pour-rien ». Il a un autre titre, pour les défenseurs d'un art « de classe », engagé et didactique : « Hommage aux grévistes de Vierzon, précurseurs des utopies émancipatrices ». En fait, il s'appellera : « La fille du cheminot ». C'est une composition un peu bizarre je dois dire... un peu aux limites justement de l'allégorie, de l'illustration, de la narration, du romantisme... mais ce n'est ni illustratif, ni allégorique, ni romantique... juste à la limite, celle d'un angoissant et terrible malaise.  C'est peut être aussi cette limite qui est celle au bord de laquelle je me suis retrouvé... une limite à laquelle je n'ai pas de réponse... juste un profond mouvement de refus, de résistance devant la peur d'une attraction aussi séduisante que chargée des menaces que toute séduction contient et occulte. Comme tu vois, le thème, « la piste », n'a rien d'original. A ce titre, le tableau est tout à fait ANTI romantique. Mais tu sais, je ne me rends compte de ce que je mets en toile qu'en le faisant. Pas à partir d'une intention thématique. C'est aussi peut être pour cela que j'étais si longtemps paralysé... Ou peut être me fallait il traverser mon état dans l'exécution d'un tableau pour le surmonter...

     

    Une "chute jouissive et effrayante", dis-tu. Non, je ne pense pas. Je parle de l'effroi, c'est vrai, et du désir de jouissance infini, aussi. Mais je pense qu'il n'y a pas la recherche de la chute, très au contraire. Je cherche le point peut être où l'effroi rencontre la lucidité émotionnelle de l'humour, c'est à dire de la vérité. L'humour est ce qui sauve, du romantisme, de l'idéalisme, comme du nihilisme, qui sont les trois postures que je récuse de la façon la plus nette. L'humour ce n'est ni la dérision ni la rigolade. Mais tu sais, je suis issu d'une culture d'Europe centrale et orientale. C'est le regard sensible et lucide... et aimant. Peut être ma peinture est-elle une peinture d'humour et d'amour. J'aimerais bien en tous cas. Plutôt qu'elle n'inspire l'angoisse, qu'elle provoque un sourire aimant.

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    Gilles de Staal

    (Sao Paulo – 26 mars 2007)

     

    * http://www.le-mort-qui-trompe.fr/article111

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  • Connectez vous sur : www.uol.com.br/teatroficina 
     pour assister en temps réel aux représentations des cinq spectacles de « Hautes Terres » (« Os Sertoes ») basés sur l'œuvre maîtresse d'Euclydes da Cunha, sous la direction de José Celso Martinez Correa.

    (Parrainage de : Petrobras, Ministère Brésilien de la Culture, Secretariat d'Etat à la Culture de Sao Paulo )


    Tous les week-ends, à partir du 24 février, chacune des pièces sera retransmise en direct par internet, en même temps que le tournage en public au théâtre Oficina pour l'édition DVD qui en fera   le plus long long-métrage de l'Histoire.
    En tout, ce seront 25 heures de spectacle, divisées en cinq pièces : La Terre, L'Homme I, L'Homme II, La Lutte I, La Lutte II, dans une des réalisations les plus audacieuses de l'art de la scène mondial. L'inspiration de cette  « saga sertaneja » commencée en 2001 et basée sur le grand classique de Euclydes da Cunha,  « Os Sertoes » (« Hautes Terres », éditions Metaillé – Paris), est venue de la résistance à la tentative de massacre du Théâtre Oficina de Sao Paulo et du mouvement pour la création du Théâtre-Stade, de l'Université de Culture Populaire Brasylienne d'Anthropophagie, et de l'Usyne Tropicale de Forêts.


    Construit avec la participation active des publics durant les répétitions, puis recréé de façon permanente au cours de ses 300 représentations à Sao Paulo, à Recklinghausen, à Sao José do Rio Preto, et au Volksbühne de Berlin, « Hautes Terres » porte sur scène la Guerre des Canuts, - le soulèvement messiano-utopique des sans terre de Bahia en 1897 -, et, avec elle, la formation de l'homme brésilien et la géographie des hauts plateaux du « sertao ». Entre les mains de la Compagnie Usyna-Uzona, plantes, animaux, fleuves et montagnes retrouvent la vie et deviennent personnages de la première pièce, - La Terre -, qui sera retransmise en direct durant ce week-end 24 et 25 février.


    Connectez-vous ! La tragicomédie-orgie est sur la toile !
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Les transmissions sont accessibles directement sur le site du théâtre Oficina, www.teatroficina.com.br , aux horaires brésiliens suivants (pour la France + 3h le 24 février, + 4h à partir du 25 février).
    - La Terre : 24 février, 18h. 25 février, 19h. Durée 3h30. Direction : Tommy Pietra.
    - L'Homme I : 3 mars, 19h. 4 mars 19h. Durée 4h30. Direction : Fernando Coimbra.
    - L'Homme II : 10 mars, 19h. 11 mars, 19h. Durée 5h30. Direction Marcelo Drummond.
    - La Lutte I : 17 mars, 19h. 18 mars, 19h. Durée 6h15. Direction Elaine César.
    - La Lutte II : 24 mars, 19h. 25 mars 19h. Durée 6h10. Direction Eryck Rocha.

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  • (Ph. J. Heymann)

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