• L HOMME DISPARU DANS LA PLUIE et LA DETTE NOUS EST EXTÉRIEURE de Ramiro Oviedo


     L'HOMME DISPARU DANS LA PLUIE


    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Un gros nuage s'était pendu sur Macondo.
    Le ciel  avait du mal à se tenir.
    Le vent montrait ses dents de chien.
    <o:p> </o:p>Alors
    une petite goutte en velours a chuté  sur mon nez.
    Ensuite deux ou trois pas de danseuse ont frôlé mon chapeau
    et puis j'ai senti des petits baisers d'eau sur mes épaules
    Pour toréer la pluie je suis rentré au bistrot de Catarino
    d'où j'ai vu Isabel regarder derrière sa fenêtre.


    Le dernier rayon de soleil illuminait la nappe de ma table
    pendant que l'ombre d'un homme s'enfonçait  dans la pluie.
    <o:p> </o:p>Nous étions  déjà deux à le regarder.
    <o:p> </o:p>On voyait sa trace.
    C'était  comme le passage d'un loup
    le cœur un tambour
    l'œil allumé.
    Il  rentrait avec une heureuse ignorance dans une forêt d'eau
    dans une pluie de brouillard pourri
    pendant que les nuages s'arrachaient les tripes.
    <o:p> </o:p>Et puis Dieu s'est mis à pisser debout.
    <o:p> </o:p>Il pleuvait des araignées
    il pleuvait du gazole
    il pleuvait des nœuds et des ongles
    il pleuvait des papillons noirs
    il pleuvait des boucles d'oreille de toutes les vierges.
    <o:p> </o:p>L'homme
    voulait s'accrocher à un courant d'air
    trancher la pluie avec ses mains aveugles.
    mais il pleuvait des seringues.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Trébuchant sur les cordes
    Accablé par cette pluie d'épingles
    l'homme s'enfonçait  dans le gouffre de la brume.
    <o:p> </o:p>On l'a vu rester suspendu entre les lèvres du torrent
    comme un épouvantail.
    Et puis
    Dieu s'est mis à vomir sa gueule de bois.
    Il pleuvait du sang
    il pleuvait de la peine
    Il pleuvait du café sur Macondo
    il pleuvait de l'eau-de-vie sur la pluie.
    <o:p> </o:p>Enfin
    Il est resté attaché par les cordes du déluge
    fusillé par la pluie
    au centre du drap blanc du lendemain
    tel une flaque de nuage en personne.
    <o:p> </o:p>



    On a enlevé de sa bouche un poème muet.
     


    LA DETTE  NOUS EST EXTÉRIEURE


    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Au début mon désir n'avait pas de mains.
    J'aurais voulu être ambidextre
    Eréndira
    mais devant toi et ton histoire  je suis devenu tout juste gauche
    Depuis lors nous sommes des frères jumeaux.
    <o:p> </o:p>Je n'avais aucune idée de rentrer.
    Je voulais seulement  écouter Francisco El Hombre
    Chez Catarino
    trouver des traces de mon frère perdu dans ses chansons.
    C'était minuit et je m'en allais
    lorsque cette dame m'a demandé vingt centimes
    pour rentrer au pays des délices.
    <o:p> </o:p>Quand je t'ai vue
    tu étais  juste une fille triste
    dépossédée de toi
    - puisque  ton seul bien restait le bien des autres-
    avec la résignation vêtue d'une  chair maigre,
    même tes pauvres  tétons de petite chienne accablée
    - balles décapitées calibre 22 -
    n'étaient pas à toi
    La faune mouvante et la flore somptueuse du pays des délices
    pour vingt centimes
    n'étaient qu'un mirage des hommes tristes du tropique.
    <o:p> </o:p>(La solitude doit être un bon aphrodisiaque)
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Le bon Dieu, déguisé en grand-mère te tuait au compte-gouttes
    enivré par les 20 centimes  que 62 soldats lui payent
    jour après jour
    pour coucher avec toi.
    D'après tes calculs il te restait  encore dix ans
    à  soixante-dix hommes par nuit
    pour  régler une  dette bizarre.
    A ce rythme là -me disais-je-
    tu finiras engloutie par l'armée de terre.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Pauvre Aridnere
    tu étais la seule araignée
    qui  construisait avec son cul la maison d'une autre.
    <o:p> </o:p>Je suis revenu ce matin
    avec le cheval de la chance qu'il te faut
    -l'amour, rien de plus-
    pour te dire qu'il fallait compter sur moi
    pour prendre en charge ta révolte
    pour tuer dieu
    pour tuer la puanteur de ton histoire étouffée
    mais tu n'étais plus là.



     


    Retrouvez Ramiro Oviédo durant l'exposition Art! Anthropophagie! Aujourd'hui! :




    Samedi 04 novembre 2006




    à 17h30 : Lecture du Manifeste Anthropophage. Puis, Flop et Tante Hortense, avec Eddy Goldeberg et Christophe Rodomisto : chansons et mise en musique des textes anthropophages.




    19h00: Ramiro Oviédo, poèmes déclamés.




    20h00 : manger.

    21h00 : débat : « Nationalité – identité – citoyenneté : bons et mauvais Français ? » introduit par Mehdi Belhaj kacem (Une psychose française. Gallimard 2006), médiation du réseau CEDETIM/CICP (rue Voltaire).

     

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