• Roberto San Geroteo est un enfant de la guerre civile espagnole, né en Bretagne en 1951, naturalisé Français pour les besoins de la cause.
    Il a publié :


    «La lengua de la quimera » (ediciones Portuguesas – Valladolid , 1990)


    «Dans l'intimité de l'air » (Alibis – Reims, 1999)
    « La solitude du tournesol » (Au fil du temps – Le Havre, 1999)


    « La palabra de un hombre » (Icaria Poesia – Barcelona, 1999)


    « Résonnances » (Le Givre de l'Eclair – Troyes, 2000)


    « La vie s'arrête à va » (Encres Vives – Colomiers, 2000)


    « Le chien d'à côté se tait » (Alidades – Thonon les Bains, 2001)


    « Easy pieces » (La Porte – Laon, 2003)


    « Gens de la nuit » (Encres Vives – Colomiers, 2004)


    Il a traduit en espagnol Bernard Noël, Jean-Marie Le Sidaner, ean Malrieu, Guillevic, Henri Meschonnic, Pierre Dhainaut, et traduit en français de nombreux poètes espagnols contemporains, notamment dans la revue Noire et Blanche qu'il a fondé en 1994 à Charleville Mezière puis au Havre.


    Roberto San Geroteo lira ses poèmes et ceux de César Vallejo,
    à l'exposition-manifeste Ah!Ah!Ah!-A3 : Art-Anthropophagie-Aujourd'hui !


    Galerie de Nesle, le vendredi 10 novembre.


     


    LAURA
    à Florence Rey

    Tu lui ressembles
    parce que tu ne ressembles à personne


    et ton regard étrange regarde l'étranger


    l'épaule nue par intermittences, brune


    aussi fraîche qu'une averse


    dans les mains vides du bonheur.


    Tu lui ressembles
    comme une inconnue à une autre inconnu
    à qui on demande
    comment l'appeler
    et on reste pour voir


    chacun de son côté, transi jusqu'au bout de son rêve


    partir en fumée le long des rues


    jusqu'à l'aube


    dans la bouche un nom propre


    sur ses lèvres le sourire pour le dire.


    Comment se faire la peau de la nuit


    une nuit, pour toujours ?



                                                            Roberto San Geroteo
                                                          ( in Gens de la nuit)

    Un pansement à l'œil, l'absence

    dans la glace, au téléphone.


    Le bruit de la rue devant la mort


    d'un goéland. L'odeur


    des voitures au soleil. Nos filles


    se font femmes. Les rêves


    prennent la poussière.



                                           Roberto San Geroteo
                           Le chien d‘à côté se tait. (Extrait)


    Un homme sait depuis l'enfance

    qu'il va mourir en telle année. C'est un jeu


    puis un destin. Cela


    donne du relief aux saisons


    et du goût aux ongles


    à condition de voir dans chaque flambée


    la dernière


    Une femme blanche, d'autres sont noires.


    Les lèvres fraîches comme la betterave


    les coudes et les yeux sur le marbre d'un café


    elle passe dans la vie d'un homme


    assis en face d'elle, toute une nuit d'automne


    à parler pour ne rien dire de ce qui l'étreint


    depuis son premier regard.

                                           Roberto San Geroteo
                                   La vie s'arrête à va (Extrait)

    Poème de César Vallejo

    (poète péruvien, engagé dans la guerre d'Espagne. 1892-1938)


    Aujourd'hui j'aime la vie beaucoup moins,
    mais j'aime toujours vivre : je le disais bien.
    J'ai presque touché la part de mon tout et me suis contenu
    d'un coup de feu dans la langue derrière ma parole.


    Aujourd'hui je me palpe le menton en fuite
    et dans ces pantalons d'un moment je me dis :
    Tant de vie et jamais !
    Tant d'années et toujours mes semaines... !
    Mes parents enterrés avec leur pierre
    et leur triste raidissement qui n'en finit pas ;
    un portrait en pied des frères, mes frères,
    et, enfin, mon être en plan et en gilet.


    J'aime la vie énormément
    mais bien entendu,
    avec ma mort chérie et mon café
    et en voyant les marroniers touffus de Paris
    et en disant :
    Cet œil est un, un autre ; ce front, un autre...
    et en répétant :
    Tant de vie et jamais ne me fait défaut l'air de la chanson !
    Tant d'années et toujours, toujours, toujours !


    J'ai dit gilet, j'ai dit
    tout, partie, angoisse, j'ai dit presque, pour ne pas pleurer.
    Car c'est vrai que j'ai souffert dans cet hôpital d'à côté
    et c'est bien et c'est mal d'avoir examiné
    de bas en haut mon organisme.


    J'aimerais toujours vivre, ne serait-ce qu'à plat ventre
    car, comme je disais et je le répète,
    tant de vie et jamais ! Et tant d'années,
    et toujours, toujours beaucoup, toujours, toujours toujours



                                       
                                           Traduit de l'espagnol par Roberto San Geroteo

    (Publié dans Blanche et Noire N°spécial été 1996, Charleville Mézière)



     


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  • Enseigne la littérature Hispano-américaine dans la Section d'Etudes Hispaniques et Hispano-américaines de l'université di Littoral-Côte d'Opale.



    Plusieurs recueils publiés, en espagnol (Serpencicleta, 1995. Esquitofrenia, 2001. Scanner, 2005) et en français (Hiéroglyphe, 1997. Semaine Sainte, 1998; Fanesca, 1999; La nature se méfie de la vitesse, 2001; Les poèmes du Colonel, 2002 [Prix Trouvères, 2002; Prix Georges Sernet, 2004]).



    Durant l'exposition , retrouvez Ramiro Oviédo le samedi 04 novembre 2006 


    17h30 : Lecture du Manifeste Anthropophage. Puis, Flop et Tante Hortense, avec Eddy Goldeberg et Christophe Rodomisto : chansons et mise en musique des textes anthropophages.



    19h00: Ramiro Oviédo, poèmes déclamés.



    20h00 : manger.

    21h00 : débat : « Nationalité  Identité  Citoyenneté : bons et mauvais Français ? » introduit par Mehdi Belhaj kacem (Une psychose française. Gallimard 2006), médiation du réseau CEDETIM/CICP (rue Voltaire).

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  •  L'HOMME DISPARU DANS LA PLUIE


    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Un gros nuage s'était pendu sur Macondo.
    Le ciel  avait du mal à se tenir.
    Le vent montrait ses dents de chien.
    <o:p> </o:p>Alors
    une petite goutte en velours a chuté  sur mon nez.
    Ensuite deux ou trois pas de danseuse ont frôlé mon chapeau
    et puis j'ai senti des petits baisers d'eau sur mes épaules
    Pour toréer la pluie je suis rentré au bistrot de Catarino
    d'où j'ai vu Isabel regarder derrière sa fenêtre.


    Le dernier rayon de soleil illuminait la nappe de ma table
    pendant que l'ombre d'un homme s'enfonçait  dans la pluie.
    <o:p> </o:p>Nous étions  déjà deux à le regarder.
    <o:p> </o:p>On voyait sa trace.
    C'était  comme le passage d'un loup
    le cœur un tambour
    l'œil allumé.
    Il  rentrait avec une heureuse ignorance dans une forêt d'eau
    dans une pluie de brouillard pourri
    pendant que les nuages s'arrachaient les tripes.
    <o:p> </o:p>Et puis Dieu s'est mis à pisser debout.
    <o:p> </o:p>Il pleuvait des araignées
    il pleuvait du gazole
    il pleuvait des nœuds et des ongles
    il pleuvait des papillons noirs
    il pleuvait des boucles d'oreille de toutes les vierges.
    <o:p> </o:p>L'homme
    voulait s'accrocher à un courant d'air
    trancher la pluie avec ses mains aveugles.
    mais il pleuvait des seringues.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Trébuchant sur les cordes
    Accablé par cette pluie d'épingles
    l'homme s'enfonçait  dans le gouffre de la brume.
    <o:p> </o:p>On l'a vu rester suspendu entre les lèvres du torrent
    comme un épouvantail.
    Et puis
    Dieu s'est mis à vomir sa gueule de bois.
    Il pleuvait du sang
    il pleuvait de la peine
    Il pleuvait du café sur Macondo
    il pleuvait de l'eau-de-vie sur la pluie.
    <o:p> </o:p>Enfin
    Il est resté attaché par les cordes du déluge
    fusillé par la pluie
    au centre du drap blanc du lendemain
    tel une flaque de nuage en personne.
    <o:p> </o:p>



    On a enlevé de sa bouche un poème muet.
     


    LA DETTE  NOUS EST EXTÉRIEURE


    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Au début mon désir n'avait pas de mains.
    J'aurais voulu être ambidextre
    Eréndira
    mais devant toi et ton histoire  je suis devenu tout juste gauche
    Depuis lors nous sommes des frères jumeaux.
    <o:p> </o:p>Je n'avais aucune idée de rentrer.
    Je voulais seulement  écouter Francisco El Hombre
    Chez Catarino
    trouver des traces de mon frère perdu dans ses chansons.
    C'était minuit et je m'en allais
    lorsque cette dame m'a demandé vingt centimes
    pour rentrer au pays des délices.
    <o:p> </o:p>Quand je t'ai vue
    tu étais  juste une fille triste
    dépossédée de toi
    - puisque  ton seul bien restait le bien des autres-
    avec la résignation vêtue d'une  chair maigre,
    même tes pauvres  tétons de petite chienne accablée
    - balles décapitées calibre 22 -
    n'étaient pas à toi
    La faune mouvante et la flore somptueuse du pays des délices
    pour vingt centimes
    n'étaient qu'un mirage des hommes tristes du tropique.
    <o:p> </o:p>(La solitude doit être un bon aphrodisiaque)
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Le bon Dieu, déguisé en grand-mère te tuait au compte-gouttes
    enivré par les 20 centimes  que 62 soldats lui payent
    jour après jour
    pour coucher avec toi.
    D'après tes calculs il te restait  encore dix ans
    à  soixante-dix hommes par nuit
    pour  régler une  dette bizarre.
    A ce rythme là -me disais-je-
    tu finiras engloutie par l'armée de terre.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Pauvre Aridnere
    tu étais la seule araignée
    qui  construisait avec son cul la maison d'une autre.
    <o:p> </o:p>Je suis revenu ce matin
    avec le cheval de la chance qu'il te faut
    -l'amour, rien de plus-
    pour te dire qu'il fallait compter sur moi
    pour prendre en charge ta révolte
    pour tuer dieu
    pour tuer la puanteur de ton histoire étouffée
    mais tu n'étais plus là.



     


    Retrouvez Ramiro Oviédo durant l'exposition Art! Anthropophagie! Aujourd'hui! :




    Samedi 04 novembre 2006




    à 17h30 : Lecture du Manifeste Anthropophage. Puis, Flop et Tante Hortense, avec Eddy Goldeberg et Christophe Rodomisto : chansons et mise en musique des textes anthropophages.




    19h00: Ramiro Oviédo, poèmes déclamés.




    20h00 : manger.

    21h00 : débat : « Nationalité – identité – citoyenneté : bons et mauvais Français ? » introduit par Mehdi Belhaj kacem (Une psychose française. Gallimard 2006), médiation du réseau CEDETIM/CICP (rue Voltaire).

     

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  • Pierre-Etienne Heymann, comédien, metteur en scène et pédagogue, a dirigé l'école du Théâtre National de Strasbourg et la Scène nationale de Villeneuve d'Ascq. Il a réalisé une soixantaine de mises en scène et enseigné dans les Instituts d'Etudes Théâtrales de Paris III et de Nanterre. Il a publié : Regards sur les mutations du théâtre public 1968-1998 (L'Harmattan, 2000


    IL a mené une carrière de metteur en scène indépendant avec sa compagnie Le Théâtre de la Planchette. Depuis 1996 il se consacre à l'écriture, à la réalisation de disques (l'intégrale de Gargantua) et à l'interprétation de "petites formes" à la confluence du théâtre et du conte, de la parole et de la musique. Il a ainsi présenté dans les cadres les plus divers: "Rabelais à table", "L'été des serpents", "Moi, Bertoldt Brecht", "Rabelais en chair et en os". Il a écrit et réalisé en 2003, "Le cran de l'abattu", spectacle sur la Manufacture d'armes de St Etienne, et il collabore comme acteur, avec plusieurs jeunes compagnies.


     


    Pierre-Etienne Heymann durant Art! Anthropophagie! Aujourd'hui!  :


     


    11 nov. Samedi. 17h00 : lecture du Manifeste. 18h : Le procès en révision de Jésus Christ. (huitième tableau de « L'Homme et le Cheval » de Oswald de Andrade) (12 personnages), et « Tombeau pour New York » de Adonis, lecture organisée par Pierre Etienne Heymann (suivi musical par Mirtha Pozzi) ; 20h, manger... digestions et conclusions diverses. (http://a-a-a.blogg.org/themes-103977-offset-0.html).


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  • Théophile de Giraud lira des passages de son livre, le vendredi 03 novembre 2006 à 19h45


    (http://a-a-a.blogg.org/themes-103977-offset-5.html)

     L'auteur


    Théophile de Giraud est né à Namur en 1968, par hasard et sans conviction, aime-t-il à préciser. Son premier livre, De l'impertinence de procréer (2000), lui a valu de rejoindre les «Fous littéraires » du pataphysicien André Blavier. Il a publié Cent Haïkus nécromantiques aux Editions Galopin en 2004 et l'Art de Guillotiner les Procréateurs, Manifeste anti-nataliste aux éditions Le Mort-Qui-Trompe.<?xml:namespace prefix = o /><o:p>

    </o:p>
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>Information sur l'éditeur / Contacts <o:p>

    </o:p>
    <o:p>

    Mél. editions@le-mort-qui-trompe.fr

    <o:p> </o:p><o:p>

    Site Internet : http://www.le-mort-qui-trompe.fr

    <o:p>©Le-mort-qui-trompe
    </o:p>
    <o:p>Où se procurer le livre? http://www.rezolibre.com/librairie/detail.php?article=226/IMG/gif/RézoLibre.gif</o:p><o:p> </o:p><o:p></o:p></o:p>
    </o:p>
    </o:p>

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