•  L'HOMME DISPARU DANS LA PLUIE


    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Un gros nuage s'était pendu sur Macondo.
    Le ciel  avait du mal à se tenir.
    Le vent montrait ses dents de chien.
    <o:p> </o:p>Alors
    une petite goutte en velours a chuté  sur mon nez.
    Ensuite deux ou trois pas de danseuse ont frôlé mon chapeau
    et puis j'ai senti des petits baisers d'eau sur mes épaules
    Pour toréer la pluie je suis rentré au bistrot de Catarino
    d'où j'ai vu Isabel regarder derrière sa fenêtre.


    Le dernier rayon de soleil illuminait la nappe de ma table
    pendant que l'ombre d'un homme s'enfonçait  dans la pluie.
    <o:p> </o:p>Nous étions  déjà deux à le regarder.
    <o:p> </o:p>On voyait sa trace.
    C'était  comme le passage d'un loup
    le cœur un tambour
    l'œil allumé.
    Il  rentrait avec une heureuse ignorance dans une forêt d'eau
    dans une pluie de brouillard pourri
    pendant que les nuages s'arrachaient les tripes.
    <o:p> </o:p>Et puis Dieu s'est mis à pisser debout.
    <o:p> </o:p>Il pleuvait des araignées
    il pleuvait du gazole
    il pleuvait des nœuds et des ongles
    il pleuvait des papillons noirs
    il pleuvait des boucles d'oreille de toutes les vierges.
    <o:p> </o:p>L'homme
    voulait s'accrocher à un courant d'air
    trancher la pluie avec ses mains aveugles.
    mais il pleuvait des seringues.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Trébuchant sur les cordes
    Accablé par cette pluie d'épingles
    l'homme s'enfonçait  dans le gouffre de la brume.
    <o:p> </o:p>On l'a vu rester suspendu entre les lèvres du torrent
    comme un épouvantail.
    Et puis
    Dieu s'est mis à vomir sa gueule de bois.
    Il pleuvait du sang
    il pleuvait de la peine
    Il pleuvait du café sur Macondo
    il pleuvait de l'eau-de-vie sur la pluie.
    <o:p> </o:p>Enfin
    Il est resté attaché par les cordes du déluge
    fusillé par la pluie
    au centre du drap blanc du lendemain
    tel une flaque de nuage en personne.
    <o:p> </o:p>



    On a enlevé de sa bouche un poème muet.
     


    LA DETTE  NOUS EST EXTÉRIEURE


    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Au début mon désir n'avait pas de mains.
    J'aurais voulu être ambidextre
    Eréndira
    mais devant toi et ton histoire  je suis devenu tout juste gauche
    Depuis lors nous sommes des frères jumeaux.
    <o:p> </o:p>Je n'avais aucune idée de rentrer.
    Je voulais seulement  écouter Francisco El Hombre
    Chez Catarino
    trouver des traces de mon frère perdu dans ses chansons.
    C'était minuit et je m'en allais
    lorsque cette dame m'a demandé vingt centimes
    pour rentrer au pays des délices.
    <o:p> </o:p>Quand je t'ai vue
    tu étais  juste une fille triste
    dépossédée de toi
    - puisque  ton seul bien restait le bien des autres-
    avec la résignation vêtue d'une  chair maigre,
    même tes pauvres  tétons de petite chienne accablée
    - balles décapitées calibre 22 -
    n'étaient pas à toi
    La faune mouvante et la flore somptueuse du pays des délices
    pour vingt centimes
    n'étaient qu'un mirage des hommes tristes du tropique.
    <o:p> </o:p>(La solitude doit être un bon aphrodisiaque)
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Le bon Dieu, déguisé en grand-mère te tuait au compte-gouttes
    enivré par les 20 centimes  que 62 soldats lui payent
    jour après jour
    pour coucher avec toi.
    D'après tes calculs il te restait  encore dix ans
    à  soixante-dix hommes par nuit
    pour  régler une  dette bizarre.
    A ce rythme là -me disais-je-
    tu finiras engloutie par l'armée de terre.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Pauvre Aridnere
    tu étais la seule araignée
    qui  construisait avec son cul la maison d'une autre.
    <o:p> </o:p>Je suis revenu ce matin
    avec le cheval de la chance qu'il te faut
    -l'amour, rien de plus-
    pour te dire qu'il fallait compter sur moi
    pour prendre en charge ta révolte
    pour tuer dieu
    pour tuer la puanteur de ton histoire étouffée
    mais tu n'étais plus là.



     


    Retrouvez Ramiro Oviédo durant l'exposition Art! Anthropophagie! Aujourd'hui! :




    Samedi 04 novembre 2006




    à 17h30 : Lecture du Manifeste Anthropophage. Puis, Flop et Tante Hortense, avec Eddy Goldeberg et Christophe Rodomisto : chansons et mise en musique des textes anthropophages.




    19h00: Ramiro Oviédo, poèmes déclamés.




    20h00 : manger.

    21h00 : débat : « Nationalité – identité – citoyenneté : bons et mauvais Français ? » introduit par Mehdi Belhaj kacem (Une psychose française. Gallimard 2006), médiation du réseau CEDETIM/CICP (rue Voltaire).

     

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  • Oswald de Andrade




     


    Le samedi 11 novembre à l'exposition-manifeste Ah !Ah !Ah !, sous la direction de Pierre-Etienne Heymann, lecture publique du « Procès (en révision) de Jésus Christ » extrait de « L'Homme et le Cheval » pièce de Oswald de Andrade.<?xml:namespace prefix = o /><o:p>
    </o:p>
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>

    (pièce en neuf tableau de Oswald de Andrade, écrite en 1934,  traduit du portugais, - Brésil -, par Gilles de Staal.  Extrait.)

    <o:p>
     </o:p>
    <o:p>

    Huitième Tableau :

    <o:p> </o:p>LE TRIBUNAL



    (Extrait)

    <o:p></o:p> <o:p> </o:p>La scène représente la salle de l'ex-prix Nobel, érigée en Tribunal Révolutionnaire. Au fond, grande porte ouvrant sur le paysage classique du Golgotha, avec deux croix seulement.

    <o:p> </o:p>Scène I

    <o:p> </o:p>Mme Icare, Saint Pierre, Icare, la Véronique
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Au fond, soldats romains, femmes, apôtres, esclaves – la foule qui était dans la maison de Pilate. La Véronique fait sécher des tirages photos grands formats
    <o:p> </o:p>


    Saint Pierre : - J'ai l'impression de vous connaître...




    La Véronique : - On se connaît  oui...




    Saint Pierre : - Je ne me souviens pas d'où. Je perds un peu la mémoire.




    La Véronique : - Moi je me souviens. C'était à ce tintouin du Calvaire il y a vingt siècles. (Elle tourne de face la photographie qu'elle a en main et sur laquelle apparaît Adolf Hitler crucifié sur une swastika) Vous étiez des nôtres...




    Saint Pierre (Reconnaissant la photographie) : - Mais lui c'est Christ ! Christ roi !




    La Véronique : - Parfaitement ! Le chancelier Christ, la dernière incarnation de l'antisémitisme.

    <o:p></o:p> <o:p> </o:p>Scène II
    <o:p> </o:p>


    Les mêmes, Madeleine




    Madeleine : - C'est ici que va avoir lieu le jugement du fils de David !




    La Véronique : - Lequel d'entre eux ?




    Madeleine : - Celui qui est là, sur ce portrait.




    La Véronique : - Ah ! Le dernier Dieu aryen !




    Madeleine : - Je suis témoin.




    Saint Pierre (Se levant) : Madeleine ! Ma fille chérie !




    Madeleine : - Qui êtes-vous ?




    Saint Pierre : - Je suis le vieux Pierre.




    Madeleine : - Le pêcheur de Génésareth ?




    La Véronique : - Nous voilà tous ensemble à nouveau. Moi, avec les photographies, toi avec les parfums...




    Madeleine : - Tu continues à me faire concurrence, Véronique !




    La Véronique : - Pas du tout ! Je suis ici à titre administratif. Je prépare les pièces d'identité des accusés qui doivent comparaître aujourd'hui devant le Tribunal Rouge.




    Madeleine : - Tu as tué l'art en Judée.




    La Véronique : - Je n'ai été que la précurseure de l'industrie du portrait.




    Madeleine : - Tu continues à gâcher l'art véritable. La Renaissance elle même n'a pu te résister. Tu t'es alliée aux curés pour inonder le monde avec tes chromos de saints souffreteux !



    La Véronique : - Aujourd'hui, je me dédie au cinéma...




    Madeleine : - J'ai vu. Le roi des rois. Sacré navet !




    La Véronique : - Erreur. Je suis au service du cinéma d'Etat. J'ai évolué. Je suis le progrès en personne.




    Madeleine : - Eh bien moi, je continue d'être l'art pour l'art.




    La Véronique : - Toujours modèle d'atelier* ?




    Madeleine : - Comme en Judée. Si tu n'étais pas apparue, on aurait pu avoir un art sémite natif, propre à fortifier l'unité sentimentale de la Diaspora. Cela aurait peut être engendré les plus grandes conséquences politiques. Mais un peuple dispersé et sans art, voilà ce que ça donne...




    Saint Pierre : - Madeleine, je ne te reconnais pas. On dirait une députée de classe !




    Madeleine : - Bien sûr ! Pour vous, j'ai surgi comme une prostituée analphabète du Premier siècle. Mais tout ça c'étaient du baratin. La Passion, la Croix, la Résurrection et le reste, baratin... Nous menions la lutte tenace contre l'impérialisme Romain... La lutte idéaliste !




    Saint Pierre : - Les chansonnettes sur ta rue ! Qu'est-ce qu'on aimait ça !




    La Véronique : - Tu récitais une poésie futuriste que le Rabi adorait...




    Saint Pierre : - Récite pour nous souvenir. Se souvenir c'est vivre !




    Madeleine (Récitant) :




     



          Ma rue




          Ma rue à Magdala




          Remplie de putains




          Rongées d'infections




          Inondées de parfum




          Mortes de faim




          Personne ne vit dans ma rue




          Parce qu'il le veut bien




          Ni moi




          Ni les autres malheureuses




          Les Pharisiens fréquentent




          Ma rue




          Etroite




          Qui sent le sperme et l'encens




          Les hommes de loi y passent




          Ils savent que le travail honorable




          Ne rapporte rien

    <o:p> </o:p>


          La femme et la fille du pauvre




          Ne gagnent que quelques sous




          Dans ma rue

    <o:p> </o:p>


          C'est pour ça que ma rue est pleine




          Pour cela que je pleure la nuit




          Dans ma rue




          Quand je me souviens de moi.

    <o:p> </o:p>


    Icare : - Pauvres malheureuses ! Ca fait de la peine ! On devrait règlementer cela !




    La Véronique : - C'est la monogamie qui les produit. Dans l'Etat Socialiste, elles appartiennent au Musée de l'Histoire.




    (..........)

    La suite,  le 11 novembre, à la Galerie de Nesle, à la clôture de l'exposition-manifeste
    Ah !Ah ! A3 – Art- Anthropophagie – Aujourd'hui !



    </o:p>

     </o:p>

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  • Pierre-Etienne Heymann, comédien, metteur en scène et pédagogue, a dirigé l'école du Théâtre National de Strasbourg et la Scène nationale de Villeneuve d'Ascq. Il a réalisé une soixantaine de mises en scène et enseigné dans les Instituts d'Etudes Théâtrales de Paris III et de Nanterre. Il a publié : Regards sur les mutations du théâtre public 1968-1998 (L'Harmattan, 2000


    IL a mené une carrière de metteur en scène indépendant avec sa compagnie Le Théâtre de la Planchette. Depuis 1996 il se consacre à l'écriture, à la réalisation de disques (l'intégrale de Gargantua) et à l'interprétation de "petites formes" à la confluence du théâtre et du conte, de la parole et de la musique. Il a ainsi présenté dans les cadres les plus divers: "Rabelais à table", "L'été des serpents", "Moi, Bertoldt Brecht", "Rabelais en chair et en os". Il a écrit et réalisé en 2003, "Le cran de l'abattu", spectacle sur la Manufacture d'armes de St Etienne, et il collabore comme acteur, avec plusieurs jeunes compagnies.


     


    Pierre-Etienne Heymann durant Art! Anthropophagie! Aujourd'hui!  :


     


    11 nov. Samedi. 17h00 : lecture du Manifeste. 18h : Le procès en révision de Jésus Christ. (huitième tableau de « L'Homme et le Cheval » de Oswald de Andrade) (12 personnages), et « Tombeau pour New York » de Adonis, lecture organisée par Pierre Etienne Heymann (suivi musical par Mirtha Pozzi) ; 20h, manger... digestions et conclusions diverses. (http://a-a-a.blogg.org/themes-103977-offset-0.html).


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